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Writer's pictureRiver Champeimont

La plus grande découverte de l’histoire

En 1746, le médecin James Lind a fait la plus grande découverte de l’histoire en cherchant à trouver le remède contre le scorbut…



Le scorbut, une maladie mystérieuse

Au XVIIIème siècle, le scorbut était un problème majeur pour les longs voyages d’exploration maritimes. Alors que les progrès techniques permettaient d’explorer des contrés toujours plus lointaines, le scorbut finissait toujours inlassablement par frapper les marins lors de voyages trop longs. Bien sûr, nous savons aujourd’hui que le scorbut est causé par une carence en vitamine C, conséquence du fait que les marins ne mangeaient pas de fruits frais lors de ces longs voyages.


Mais à l’époque on ignorait tout cela, et les médecins proposaient divers remèdes inefficaces, voire dangereux, comme la saignée, la pâte de mercure, l'eau salée, le vinaigre, divers acides ou du vin. Une méthode proposait même d'enterrer le patient dans le sable. Un autre remède absurde consistait à faire travailler très dur les marins atteints car les médecins avaient remarqué que les marins atteints du scorbut semblaient plus paresseux (c’était en fait l’inverse : les marins frappés par le scorbut étaient moins énergiques à cause de la maladie).


L’expérience de Lind

Mais tout va changer grâce à James Lind, un chirurgien militaire écossais, qui embarque sur le HMS Salisbury en 1746. Pendant le voyage, un dixième des marins commencent à montrer des signes de scorbut. Mais plutôt que de recourir aux traitements populaires, Lind décide d'expérimenter divers traitements sur les marins et d’observer leurs effets.


Lind sélectionne alors douze marins présentant des symptômes de scorbut et veille à ce qu'ils soient tous logés au même endroit sur le navire et qu'ils reçoivent tous le même régime alimentaire en dehors du traitement.


Lind divise ensuite ces marins en six paires, chacune recevant un traitement différent: cidre, acide sulfurique dilué, vinaigre, eau de mer, pâte médicinale (composée d’ail, de moutarde, de raifort et de myrrhe – un traitement « de référence » à l’époque), et enfin des citrons (et des oranges).


D’autres marins atteints de scorbut ne reçoivent aucun traitement, et Lind observe aussi leur évolution (on dirait aujourd’hui qu’il s’agit un « groupe contrôle »).


L'essai clinique, prévu pour durer quatorze jours, a dû être interrompu au bout de seulement six jours à cause de l'épuisement des réserves de citrons. Mais ces six jours ont suffi pour obtenir des résultats spectaculaires ! Les marins qui ont consommé les citrons et oranges étaient presque complètement rétablis. Les autres continuaient à souffrir, sauf ceux qui avaient bu du cidre qui montraient de légères améliorations (probablement dues à de petites quantités de vitamine C dans le cidre comme on le comprend avec nos connaissances actuelles).


des citrons
© Ավետիսյան91 - licence CC BY-SA 4.0

La plus grande découverte de l’histoire

Si je dis qu’il s’agit-là de la plus grande découverte de l’histoire, ce n’est pas parce qu’elle a permis de résoudre le problème du scorbut. Ce qui rend cette découverte extraordinaire, c’est la méthode utilisée. Il s’agit en effet ici du premier essai clinique contrôlé de l’histoire [1].


Cela peut sembler bête, après tout cela semble naturel de procéder comme l’a fait Lind, pourtant c’était une grande première à l’époque. Jusque-là, les savoirs médicaux contenaient aussi bien de véritables découvertes faites empiriquement par nos ancêtres que des croyances infondées qu’on transmettait de génération en génération sans jamais les réévaluer. C’est ainsi qu’on a pu pratiquer la saignée pendant des siècles (une pratique reprise de la Grèce Antique) ou le mercure (qu’on sait aujourd’hui toxique) pour soigner certaines maladies. A cause des biais de confirmation, on continuait à croire que ces traitements étaient efficaces, alors que toute expérience bien faite aurait démontré le contraire.


Notons par ailleurs que la méthode de Lind ne nécessite absolument de comprendre pourquoi les citrons soignent le scorbut mais permet néanmoins de savoir si c’est un traitement efficace. Par exemple, un argument parfois donné par les promoteurs de certaines médecines alternatives est que la science moderne ne comprend pas tout et ne peut donc pas comprendre comment leurs méthodes alternatives peuvent fonctionner. Il s’agit là d’une mauvaise objection car on peut très bien tester scientifiquement l’efficacité de l’homéopathie par exemple même si la science actuelle ne connaît aucun mécanisme qui permettrait d’expliquer comment elle marcherait. Dans ce cas, de telles expériences ont été faites et n’ont pas montré d’efficacité [2].


Portrait de James Lind (par George Chalmers en 1783)
Portrait de James Lind (par George Chalmers en 1783)

Les limites de l’expérience de Lind

Peut-être que la première chose que vous vous êtes dit quand vous avez lu mon récit de cette expérience est « mais c’est beaucoup trop petit comme échantillon ! ». Et il est vrai qu’aujourd’hui aucune étude scientifique ne serait (ou en tout cas ne devrait) être prise au sérieuse avec un échantillon si petit (2 patients par traitement testé). En fait, si cela a marché dans le cas de Lind c’est parce qu’avec le scorbut on a affaire à une maladie et a un traitement pour lequel :


1. on a 0% de guérisons spontanées

2. le traitement « citrons » est efficace à 100%

3. l’effet placebo joue un rôle négligeable


Avec la plupart des maladies, on a un taux de guérison spontané élevé (par exemple pour le rhume, le COVID, etc.) et les médicaments sont rarement efficaces à 100%. Si Lind avait eu un taux de guérison spontanée de 40% par exemple et de 80% avec les citrons, l’expérience n’aurait pas fonctionné car 2 patients avec un traitement inefficace auraient très bien pu guérir spontanément (en étant « dans les 40% ») et ceux mangeant des citrons auraient pu par malchance « être dans les 20% » pour lesquels le traitement est inefficace.


Pour gérer correctement ce genre de cas, il faudra attendre l’invention des tests statistiques (lors du siècle d’après), permettant de savoir si les effets observés peuvent être le simple fruit du hasard ou s’ils sont dus à l’effet réel du médicament. Par ailleurs, la découverte de l’effet placebo conduira à systématiquement prescrire un placebo au groupe contrôle (ou un médicament existant si on test un nouveau médicament) de façon à éviter ce biais. Le standard de référence est ainsi aujourd’hui devenu « l’essai contrôlé randomisé en double aveugle », dans lequel ni le patient ni le médecin ne savent si le remède administré est ou non un placebo.


Conclusion

Grâce à cette méthode véritablement scientifique pour tester les traitements médicaux, on a pu peu à peu faire le tri entre les vieilles croyances infondées du passé et les véritables savoirs ancestraux légitimes, et surtout on a pu tester de nombreux nouveaux traitements qui ont permis des progrès médicaux considérables nous permettant ainsi de quasiment éradiquer la mortalité infantile et de massivement augmenter notre espérance de vie. Merci Lind !


Références


PS : Il s’agit du premier article que j’ai rédigé en partie assisté par ChatGPT.

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