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Writer's pictureRiver Champeimont

Dans un océan de croyances fausses

Updated: Feb 19, 2023

Dans cet article, je souhaiterais vous raconter ma réalisation de la prévalence des pseudo-sciences et des croyances scientifiquement infondées, et ma découverte de sources intéressantes permettant de connaître l’état du consensus scientifique même sur les sujets controversés pour le grand public.


Petite histoire personnelle

J’ai toujours été passionné par les sciences. Étant enfant, j’adorais les visites à la Cité des sciences et au Palais de la découverte à Paris. J’étais par ailleurs passionné par la technologie, et je démontais souvent de vieux appareils électroniques pour voir comment ils marchaient. Mais c’est avec l’arrivée de l’ordinateur dans la maison (sous Windows 95) que j’ai pu porter cette passion pour la technologie encore plus loin, et dont j’ai fait mon métier depuis. Tout ça pour vous dire que j’avais une vision très favorable de la science et la technologie en général, sans pour autant que ça ne soit lié à un militantisme ni une opinion politique particulière.


Avançons quelques années plus tard. À 18 ans, j’obtiens ma carte d’électeur français. Une petite cérémonie est organisée dans mon village, Gometz-le-Châtel (~ 2500 habitants), durant laquelle le maire félicite les nouveaux électeurs (nous devions être une dizaine de jeunes). Il nous dit que l’équipe du conseil municipal serait d’ailleurs ravie d’accueillir des jeunes, car les élections municipales sont dans 2 ans. Durant les deux années qui suivent, je m’intéresse de plus en plus à la politique (voir mon article Témoignage d’un ex-communiste) et finalement je me présente dans l’équipe municipale. Notre équipe remporte alors les élections (15/19 sièges) et je me retrouve élu municipal. Mes responsabilités personnelles consistent alors en la publication du bulletin municipal et la gestion du site Internet de la commune.


Gometz-le-Châtel, le village où j’étais conseiller municipal de 2008 à 2014

Quel rapport avec la science me direz-vous ? Eh bien figurez-vous qu’un des grands projets de notre équipe était la construction d’une nouvelle école (hélas un échec car la crise de la dette grecque a rendu les banques frileuses) et certains habitants critiquaient le projet, avec entre autres comme argument la présence relativement proche d’une ligne électrique à haute tension.


Par ailleurs, et de manière indépendante, un opérateur téléphonique souhaitait installer une nouvelle antenne 4G sur la commune pour améliorer la couverture de son réseau. Pour cela, la société en question avait déposé une demande d’autorisation à la mairie. Certains habitants ont là encore mentionné le risque de placer l’antenne trop proche de l’école existante.


Les ondes électromagnétiques sont-elles nocives ?

Je me suis alors très sincèrement posé la question : ces inquiétudes sont-elles fondées scientifiquement ? À l’époque j’avais une vague idée, qui était dans l’ère du temps, qu’il valait mieux éviter de trop s’exposer aux ondes des téléphones mobiles. Mais les antennes étaient-elles dangereuses ? Et les lignes à haute tension ? Je n’avais personnellement aucune idée préconçue sur la question, et il me semblait essentiel de me documenter sur les connaissances scientifiques sur le sujet.


J’ai alors commencé à chercher des sources sur Internet et je suis tombé sur le site Internet de l’AFIS (Association Française pour l’Information Scientifique), qui édite une revue nommée “Sciences et pseudo-sciences”. J’avais vu qu’ils avaient publié un numéro spécial sur le sujet des ondes, numéro que j’ai immédiatement commandé pour avoir un maximum d’infos sur le sujet.


Cela m’a permis de connaître facilement l’état actuel des connaissances scientifiques sur le sujet. Les articles de la revue citent leurs sources, ce qui permet de vérifier que les informations avancées ne sont pas simplement l’opinion des auteurs, mais bien le reflet du consensus scientifique.


La conclusion était claire : malgré de nombreuses études qui avaient cherché à mettre en évidence un danger lié aux ondes des antennes, téléphones, ou lignes à haute tension, il ressortait de l’ensemble de la littérature scientifique qu’on n’avait pu mettre en évidence aucun effet néfaste sur l’homme (ni les animaux d’élevage d’ailleurs). Bien sûr, on ne peut jamais être sûr à 100% qu’on ne découvrira rien un jour (avec un type d’effet sur la santé que l’on n'aurait pas recherché par exemple), mais pour l’instant on n’a rien trouvé de dangereux, et ce n’est pas faute d’avoir essayé.



À la découverte des vérités qui fâchent

Mais je ne me suis pas arrêté là et j’ai lu d’autres numéros de Sciences et Pseudo-Sciences et j’en suis venu à réaliser que beaucoup de croyances très répandues chez le public sont en fait contradictoires avec l’état de la science. Et je ne parle pas de choses anecdotiques comme le sens dans lequel se vident les éviers, mais de vrais sujets sur lesquels de fausses croyances sur l’état de la science peuvent poser de vrais problèmes de société. Par exemple, on imagine sans mal que si une majorité de la population ne croyait pas au réchauffement climatique, cela poserait un énorme problème pour faire avancer le sujet au niveau législatif. Heureusement, sur ce sujet-là, les croyances de la majorité du public (du moins en Europe) sont en phase avec l’état de la science.


Voici quelques exemples de choses qui sont des quasi-certitudes d’un point de vue scientifique (c'est-à-dire dont on est aussi sûr qu’on peut l’être de quelque chose, même si ce n’est jamais définitif), mais qui sont pourtant considérés comme fausses par la plupart des gens. Ces affirmations ont tendance à fâcher car elles viennent heurter des croyances que l’on tient pour vraies avec une grande certitude, et qui ne sont souvent jamais loin de sujets politisés (j’ai inclus des liens vers des articles qui eux-mêmes citent leurs sources) :

  1. Les OGM commercialisés jusqu’à aujourd’hui ne présentent aucun risque pour la santé humaine (voir mon article "Les OGM, ce progrès ignoré par l’Europe").

  2. Les fruits et légumes bio ne sont pas meilleurs pour la santé que leurs équivalents de l’agriculture conventionnelle, que ce soit par la valeur nutritive ou par une quantité inférieure de résidus de pesticides (ce qui ne remet pas en cause d’autres avantages bien réels du bio sur l’environnement et le bien-être animal par exemple).

  3. L’énergie nucléaire émet aussi peu de CO2 que l’éolien et tue un nombre de personnes comparable pour une même quantité d’électricité produite (voir mon article "Et si l’énergie nucléaire n’était pas si dangereuse ?").

  4. Le QI mesure vraiment quelque chose de pertinent (il est très reproductible et est fortement corrélé avec la réussite scolaire par exemple) et les différences de QI entre individus dans les pays développés sont en grande partie génétiques (par contre, au cours des dernières décennies, le QI moyen a globalement augmenté grâce principalement au progrès des conditions de vie, rien à voir avec la génétique).

  5. Aucun vaccin n’a jamais rendu un enfant autiste (les vaccins ont parfois des effets secondaires mais l’effet sur l’autisme est une croyance répandue suite à une fraude d’un scientifique qui a été invalidée depuis).

  6. L’homéopathie n’a jamais fait la preuve de son efficacité, que ce soit sur les humains ou les animaux.

  7. Les théories de Freud sont en très grande partie réfutées par la science moderne.

Je n’ai pas lu tout ça dans la revue de l’AFIS, mais également dans d’autres articles avec le même état d’esprit. Il est la plupart du temps facile de vérifier ces informations “bêtement” en regardant sur Wikipédia, qui s’avère en fait donner une très bonne vision de l’état des connaissances scientifiques sur de nombreux sujets (la version en anglais est d’ailleurs légèrement supérieure à la française sur ce point car elle est plus relue et corrigée).



Tout va bien alors ?

En lisant la liste précédente, on pourrait avoir l’impression que la communauté sceptique/rationaliste est “rassuriste”, c’est-à-dire qu’elle nous dirait “tout va bien, rien n’est dangereux dans la technologie, arrêtez de paniquer pour un rien”. On pourrait se poser la question par exemple de savoir si, à l’époque où l’industrie du tabac cherchait à en cacher la nocivité, ils ne nous auraient pas dit que le tabac était sans risque.


Pourtant, dans certains cas, l’AFIS tire la sonnette d’alarme sur des sujets qui inquiètent pourtant peu le public (comparé au nucléaire, aux vaccins ou aux ondes électromagnétiques). Dans son dernier numéro justement, le sujet principal est l’addiction aux jeux, un sujet problématique car une grande partie des joueurs sont en état de jeu excessif (40% du chiffre d'affaires de cette industrie proviennent de joueurs excessifs en France). On a là encore affaire à un problème minimisé par l’industrie et on est peut-être bien face à un scandale qu’on qualifiera de type “industrie du tabac” en regardant en arrière.



Et la religion dans tout ça ?

Je tenais à préciser que le but ici n’est pas de partir en croisade contre les croyances religieuses au nom de la science. Il y a selon moi des domaines qui relèvent de la croyance personnelle, comme l’existence d’un dieu, et des domaines où la science apporte clairement des réponses précises qu’il me semble absurde de nier. L'un n'exclut pas l'autre ; par exemple, j'ai rencontré plusieurs pasteur(e)s en France et en Amérique du Nord qui avaient une attitude claire de promotion de la pensée scientifique.


Il me semble qu’il est essentiel pour notre société que les croyances du grand public sur les sujets scientifiques soient en phase avec l’état des connaissances, car cela est essentiel en démocratie pour prendre de bonnes décisions, mais cela ne devrait pas entrer en conflit avec les croyances religieuses, du moment que celles-ci n’ont pas la prétention de nier les découvertes scientifiques.


Conclusion

La découverte de la communauté sceptique en général et de la revue de l’AFIS en particulier a été une véritable révélation pour moi, car elle m’a permis de me rendre compte que beaucoup de croyances répandues sont en fait contredites par nos connaissances scientifiques. Je vous invite à lire la revue ou le site Internet de l’AFIS bien sûr, mais aussi tout un tas de ressources passionnantes sur YouTube, comme La Tronche en Biais, Hygiène Mentale ou AstronoGeek. Sur les sujets d’écologie (réchauffement climatique, nucléaire), je ne saurais que trop vous conseiller les excellentes vidéos du Réveilleur.


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